CHIEN-LOUP de SERGE JONCOUR

Chien-Loup est un roman à feuilles très dense et en même temps lumineux, les branches nous claquent à la figure car la tension monte jusqu'aux trois-quarts du roman et au final, sans qu’il y ait véritablement de fin, nous nous retrouvons dans une prairie illimitée à ne plus savoir trop quoi faire de la liberté des personnages, mais l’important c’est qu’eux vont le découvrir. L’écriture est une merveille de sensualité, celle d’un été sauvage se tenant toujours à la limite des cassures et où les fauves se mélangent et se confondent. Il y a une question dans ce conte moderne où l’on mange pour de vrai et où l’on vit pour de faux : Qui de l’homme et de l’animal est le plus cruel ? Nous connaissons la réponse … Je pense que les lecteurs et lectrices resteront longtemps dans cette maison de mémoire. Car c’est des lieux, des objets, des pierres de la terre et des arbres qui retiennent la mémoire dont il est question. Les lieux ont vu et se taisent longtemps pour un jour murmurer la vérité. Dans ce silence alléchant et féroce tout se dit, il suffit d’entendre, réapprendre à écouter.

 

Les personnages sont attachants, avec pour ma part une préférence pour Joséphine, je l’aurais voulue moins belle au fond et en apparence dans la description, parce que de nature, à l’intérieur et de parce qu’elle dégage de fort, elle l’était naturellement. Il y a des moments intenses surtout dans la description des animaux, leur langage, leurs caractères … avec cette vérité que si nous les observons avec bienveillance et sagesse, ils nous apprennent beaucoup sur nous-mêmes. Le livre se lit doucement, je pense que dès le départ j’ai su que j’aurais du mal à le quitter. Bonne lecture à tous.